[hal-02916381] LA CARAPACE DES TORTUES MARINES : SOURCE PRÉCIEUSE D’INFORMATIONS

[hal-02916381] LA CARAPACE DES TORTUES MARINES : SOURCE PRÉCIEUSE D’INFORMATIONS

Les tortues marines sont partout présentes dans la ceinture tropicale et subtropicale. Au-delà de leur grâce et du plaisir qu'elles procurent aux plongeurs qui ont la chance de les croiser, elles jouent des rôles écolo-giques majeurs : maintien et entretien des prairies ou herbiers sous-marins, participation à la (bonne) santé des récifs coralliens, prédation des méduses (régulation des populations), etc. Ces reptiles marins constituent également un fantastique bio-indicateur de l'état de santé des écosystèmes. Dès lors, étudier leur biologie et leur écologie revêt un enjeu d'importance pour mieux comprendre leur éthologie (comportement), et ce, d'autant plus, que les différentes populations de tortues ont régressé dramatiquement au cours des dernières décennies. Parmi les fautifs, évidemment ai-je envie de dire, l'Homme qui détruit leur environnement, sur-pêche, pollue… mais aussi le changement climatique qui vient en rajouter une couche en modifiant signifi-cativement l'environnement ! Aujourd'hui, le constat est sans appel : six des sept espèces de tortues marines sont classées par l'IUCN (Union internationale pour la conservation de la nature) comme étant menacées ou en danger d'extinction ! Le comportement des tortues marines a déjà été beaucoup étudié en termes de migration, alimentation et patterns (stratégie, manière, type) de reproduction, notamment pour aider à mieux les protéger et pour la mise en place des différentes mesures de conservation. Parmi les outils qui ont été utilisés dans ce but, on peut citer la surveillance visuelle des plages, le comptage des oeufs, le suivi dans l'eau par « snorkeling » ou PMT, la télémétrie (notamment satellitaire). LA CARAPACE DES TORTUES MARINES : SOURCE PRÉCIEUSE D'INFORMATIONS > Il y a deux ans une étude scientifique s'intéressant aux comportements et déplacements des tortues marines a été publiée. Dans des travaux inédits, Sinziana Rivera (1) et ses collègues se penchaient sur la complémentarité de deux méthodes, classique (la microscopie) et récente (la biologie moléculaire), pour identifier les microalgues présentes sur la carapace des tortues. À l'époque, je n'y avais pas prêté attention, mea culpa, mais cette analyse particulièrement originale restant d'actualité, je vous en propose une synthèse ci-après. Par Stéphan Jacquet. Photos Olivier Clot-Faybesse et Vincent Maran. S. JACQUET n MIEUX APPRÉHENDER LES DÉPLACEMENTS DES TORTUES GRÂCE AUX DIATOMÉES Plus original est le suivi qui peut être fait en étudiant la microflore présente sur la carapace de ces animaux. Certains micro-organismes ont la capacité de s'agré-ger et de constituer ce que l'on appelle des biofilms. Il s'agit d'une sorte de tapis, adhésif et protecteur, de taille variable constitué par une communauté plus ou moins complexe de plusieurs cellules, adhérant entre elles et à une surface (naturelle ou artificielle). Les dia-tomées sont, parmi les microalgues, les championnes du monde de la formation de biofilms sur tout type de support et dans tout type de milieu. La carapace des tortues ne leur a donc pas échappé tout comme aux chercheurs qui ont pu constater que ces diato-mées colonisent effectivement volontiers les écailles kératineuses de ces reptiles, y sont nombreuses et I N F O S R E C H E R C H E La composition des microalgues ou diatomées colonisant la carapace des tortues est riche d'enseignements sur leur mode de vie. © O. C.-F. Les tortues participent au maintien et à l'entretien des prairies et des herbiers sous-marins. © O. C.-F. Cocconeis sp. au microscope électronique (taille : 12 microns environ) sur un monocristal de sel. © Frédéric Bolze/Jacques Faerber Une tortue verte (Chelonia mydas) à la carapace bien recouverte de diatomées, en séance de nettoyage. © V. M. Comparaison du niveau d'identification (en pourcentages) atteint avec la microscopie (haut) et le métabarcoding (bas) des diatomées présentes dans les biofilms récoltés sur les carapaces de tortues. À noter que la classification d'un organisme s'écrit, du plus général au plus spécifique, ainsi : classe, ordre, famille, genre, espèce. Licmophora sp flabellata. © Hervé Limouzin LES TORTUES MARINES Il existe un peu plus de 300 espèces de tortues sur notre planète. Environ 250 vivent en eau douce, milieux humides et palustres, 60 sont exclu-sivement terrestres et seulement sept sont marines. Il s'agit de la tortue luth, la tortue caouanne, la tortue imbriquée, la tortue verte, la tortue à dos plat, la tortue olivâtre et la tortue de Kemp. Les six dernières appartiennent à la famille des cheloniidés et ont une carapace sans carène couverte d'écailles et une ou deux griffes sur les nageoires. Seule la tortue luth fait partie de la famille des dermochélyidées, caractérisée par l'absence de corne et d'écailles sur sa carapace. La tortue verte dont il est question dans cet article, Chelonia mydas, est la plus grande des cheloniidés (80 à 130 cm), pèse entre 160 et 250 kg et elle est végétarienne à l'état adulte (se nourrissant essentiellement de plantes marines qui donnent à sa chair la couleur verte imputable à son régime alimentaire).

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Publication date : 01 September 2020 | Redactor : -